L’imposteur

L’imposteur

Comment ne pas se sentir moins visionnaire qu’Elon Musk, moins innovateur que Steve Jobs, moins adroit que Roger Federer ou encore moins créatif que Dali…

Pour ma part, j’ai eu l’opportunité de rencontrer un grand nombre de personnes formidables, si ce n‘est toutes celles que j’ai croisé. Aucun de ces grands noms juste au-dessus mais néanmoins, des gens disposant d’un potentiel pour réaliser des choses exceptionnelles. L’adjectif est grand, voire hyperbolique, et certain d’entre vous me diront même que c’est faux, en songeant à un collègue incapable de respecter les délais, ou à une cousine qui en est à son 3ème divorce… Mais vous saviez-vous que ce collègue avait écrit un essai sociologique critiqué, ou que les photographies de cette cousine étaient exposées dans des galeries ?

L’idée n’est évidemment pas que tout un chacun peut rencontrer le succès dans ses entreprises, mais que l’on peut tous accomplir des choses souvent irréalisables pour d’autres.

Car à ma grande surprise, tellement de gens manquent de confiance en eux. Le doute nous assaille régulièrement, alors que clairement, nous sommes tous capables de réussir. Pire encore, est de voir ce doute s’insinuer jusqu’à en dénigrer nos propres réussites :

Je n’aurais pas du avoir ce job…
Mon travail était mauvais, mais j’ai eu de la chance…
Si je ne connaissais pas Paul, on m’aurait refusé…
Le hasard a fait que j’étais là au bon moment. Je n’y serais pas arrivé seul…

N’avez-vous jamais déjà prononcé une de ces phrases, qui ne sont qu’un échantillon parmi tout ce que l’on peut entendre dire de plus triste. Et quant est-il de se comparer avec les autres ?

Il aurait fait mieux que moi…
Il est plus rigoureux, il aurait dû être nommé chef…
Il est tellement intelligent, il aurait du faire la présentation…

Il est vrai que nous sommes entourés de gens meilleurs que nous, et ce dans de nombreux domaines. On ne peut le nier. Fort heureusement, ils sont loin d’être des demi-dieux lâchés sur Terre pour nous faire sentir comme moins que rien. Eux-mêmes humains comme vous, ne sont pas infaillibles. Ils ne savent pas tout faire, ils ne réussissent pas tout ce qu’ils entreprennent, et n’ont pas des vies aussi formidables que vous l’imaginez.

Prenez nos parents. Ils ont été à notre place, des enfants, des adolescents puis de jeunes adultes. Ils ont été réprimandé, on fait des erreurs et rencontré des échecs. Malgré tout, ils représentaient, voire représentent toujours, un idéal à atteindre, des modèles à suivre. Et si l’on en croit les grands courant de la psychanalyse, nous avons été et resterons marqués à vie par notre enfance et notre éducation, d’un façon ou d’une autre. Ils sont en quelque sorte les dieux qui nous ont créé et façonné.

De plus, on le voit bien à la télé, au cinéma et sur internet, comme ils sont nombreux à réussir. Ces acteurs, ces sportifs, ces artistes, ces entrepreneurs… Ils sont jeunes, et gagnent plus en un an (voire en un mois), ce que vous ne gagnerez en toute une vie. Ils vivent dans les beaux quartiers et possèdent des maisons en bord de mer, des chalets à la montagne.
Comment ne pas les envier ? Comment ne pas vouloir être à leur place ? Comment ne pas se comparer ? Comment ne pas se sentir nul à côté d’eux…

Et pourtant ils ne sont pas tous beaux, riches et intelligents. Ils ne sont pas tous talentueux et plein de ressources. C’est la simple illusion qui nous est projetée à longueur de journées.

Car c’est bien ce tour qui nous est joué chaque jour, sans même que nous ne demandions de rappel. Le magicien continue sans cesse de nous en mettre plein la vue, tandis que nous restons assis, ébahis et les yeux brillants de désir.

Notre seul vrai “problème”, est d’être capables de voir nos faiblesses et nos défauts, car il est souvent aisé de faire sa propre analyse introspective. A contrario, nous sommes incapables de voir au-delà de ce que nous exhibent nos interlocuteurs, qui on l’imagine bien, se contentent de nous montrer leur plus beau profil.
La relation est alors biaisée, la comparaison impossible car inadéquate. Ce panthéon que nous nous sommes créé, n’est qu’une assemblée d’hommes, des gens comme nous. Cessons dès lors de voir en l’autre le meilleur et mettons nous à observer sous un autre angle les masques qui sont face à nous. Car derrière ces déguisements, on trouve comme partout ailleurs de la peur, de l’inquiétude, de l’incertitude et des échecs. Des traits qui nous rappellent que nous sommes simplement des humains atteints du Syndrôme de l’imposteur.

Au delà des aspérités et des failles sur une sculpture, nous savons prendre du recul et en apprécier la beauté. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour vous ?

Et rappelez-vous :

“Les rois et les philosophes fientent, et les femmes aussi.”
Michel de Montaigne

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