La pyramide

La pyramide

Parmi les contributeurs de la psychosociologie du comportement humain, il est impossible de ne pas citer Maslow et sa Théorie de la Hiérarchie. Si vous avez le sentiment que ce nom ne vous est pas inconnu, c’est parce qu’en France, cette théorie a un autre nom: La Pyramide des Besoins de Maslow. Sans doute dû à sa représentation si explicite à travers le monde entier (du moins, si l’on en croit Google).

pyramide maslow

Ainsi, cette pyramide est composée de 5 étages (il existe à vrai dire un 6ème étage, mais je reviendrais dessus plus tard). Le principe fondamental de sa théorie étant qu’il n’est pas possible d’atteindre un étage supérieur, tant que celui dans lequel nous nous situons n’est pas complètement satisfait.

C’est ici que l’idée de hiérarchie prend son sens. Ce qui était important, devient une composante invisible au quotidien. Tandis que nous sommes désormais préoccupés par de nouvelles problématiques.

Il existe bien évidemment nombre de limitations à son modèle, dont lui-même avait conscience. Là encore, j’y reviendrais.

Sachez cependant, que je n’ai pas lu son ouvrage de référence: Motivation and Personality, ou de son titre Français: Devenir le meilleur de soi-même: Besoins fondamentaux, motivation et personnalité.

Je vais donc me contenter d’aborder les différents niveaux de la pyramide tels qu’ils sont connus du grand public, en y apportant mon propre angle:

La survie

Relativement explicites, ceux-ci concernent directement la survie de l’individu. Il est question ici, d’eau, d’air et de nourriture. Il est tout simplement impossible de survivre sans, et sont par conséquent, les premiers dans la hiérarchie. De même, vêtements et abris, sont nécessaires pour fournir une protection suffisante contre l’environnement et ses aléas.

Il faut cependant noter qu’en fonction des régions du monde, ces derniers ont une bien moindre importance. C’est d’ailleurs une des limitations du modèle de Maslow, qui ne prenait pas en compte les différences culturelles entre autre.

Enfin, on peut tout de même ajouter l’instinct de procréation. Le besoin de continuer sa lignée, et d’assurer la survie de l’espèce humaine.

La sécurité

Selon le principe de hiérarchie établi par Maslow, une fois les besoins physiologiques assurés, l’étape suivante est la sécurité. Celle-ci inclut autant l’aspect physique, qu’économique, ou encore, l’aspect moral et le bien-être. Guerre, catastrophe naturelle ou violence qu’elle soit physique ou psychologique, ont par exemple, des conséquences extrêmement négatives. Il est clair qu’il faut éviter ces situations aussi bien que se peut.

Là encore, on peut y voir un des problèmes de ce modèle. Maslow n’ayant pas réalisé d’observations à grande échelle. On peut même dire que son échantillon d’analyse était ridiculement petit avec la société occidentale aisée. En réduisant son champ d’expérimentation, il ne put s’attarder sur ce niveau de la pyramide de façon plus pertinente.

Néanmoins, il semble logique d’adhérer jusque là, à son modèle. Bien que la stabilité financière propose elle-même divers niveaux en son sein, elle a une importance capitale dans notre société. On pourrait même dire assez tristement, qu’elle est hiérarchiquement au-dessus d’autres niveaux de la pyramide… mais je reviendrais dessus.

Un des aspects de la sécurité, tel que vu par Maslow, concerne le besoin de se sentir protégé en cas de pépin. En 3 mots, souscrire une assurance. Je le cite parce qu’il fait parti de son modèle, mais comme vous avez pu le lire dans cet article La sécurité, je ne porte pas les assurances dans mon coeur.

Avant de passer au besoin suivant, j’aimerais apporter une remarque particulière sur la santé et le bien-être. En effet, souvent on néglige à quel point la santé est d’une grande importance. Comme pour les autres besoins vus avant, elle est comme acquise. Heureusement, de plus en plus, les gens ont conscience qu’il faut changer leur quotidien et prendre soin d’eux (j’en parle un peu dans cet article Asics).

Enfin, Maslow souligne que ce besoin est bien plus présent chez les enfants. Leur besoin de sécurité et de stabilité est primordial afin qu’il puisse s’épanouir pleinement. Ainsi, un enfant soumis au stress, l’angoisse ou les névroses de ses parents, ne sera pas en mesure d’assimiler les niveaux de la pyramide suivants. Incapables d’assurer eux-mêmes leur sécurité, c’est ici le rôle des parents de satisfaire ce besoin pour leurs enfants.

L’Amour et le sentiment d’appartenance

Relativement explicite, il s’agit ici dans sa plus large définition, du besoin d’appartenir à un “groupe”. Pas dans le sens numéraire du mot, mais plutôt, dans l’idée de se sentir écouté, chéri, apprécié et bien sûr, aimé. A l’instar du besoin de sécurité, il est d’une grande importance dans l’enfance. L’amour peut même s’avérer si fort qu’il peut compenser le besoin de sécurité, étant lui-même porteur de notion de protection.

C’est ici, une des composantes du modèle de Maslow qui est souvent à tort négligée. En effet, loin de se montrer aussi rigide que la pyramide dont en est l’illustration de sa théorie, ce modèle se veut dynamique. Ainsi, les besoins peuvent cohabiter, ou se révéler plus importants à certains moments de la vie d’un individu.

Enfin, il est tout autant question d’appartenance, que d’acceptation. Ce qui est sous-entendu ici, est qu’un individu ne peut pas simplement émuler l’appartenance à un “groupe”. Il est indispensable qu’il s’y sente pleinement accepté, qu’il trouve une place dans l’environnement social qui l’entoure (sujet que vous trouverez traité ici: Je n’ai rien à prouver). Il s’agit tout autant de trouver sa place dans un club, une association, une activité ou loisir, qu’auprès de collègues, d’une famille, d’un couple ou d’amis.

La solitude et le “rejet social” pouvant entraîner de sérieuses difficultés pour créer et/ou maintenir des liens relationnels, que ce soit du point de vue, familial, intime ou même juste amical.

Ainsi, Maslow déclare avec certitude que l’être humain éprouve le besoin d’aimer et d’être aimé. Et qui pourrait avec certitude le contredire…

L’estime de soi

On pense souvent à tort que l’estime de soi, passe par l’autre. Qu’être respecté ou estimé, n’est que de l’ordre du regard extérieur. Qu’à travers le travail, ou la réussite, on peut enfin être accepté par autrui (j’en parle ici: Réussir sa vie…).

C’est ici, une des plus limitations les plus marquantes du modèle de Maslow. La frontière floue et non définie, entre besoin et désir. Il dit lui-même qu’une faible estime de soi ou, en d’autres termes, un complexe d’infériorité (ou de supériorité) cause un déséquilibre à ce niveau de hiérarchie. Et qu’il passe nécessairement par le besoin d’obtenir l’approbation des autres… d’où la recherche de célébrité, richesse ou encore, succès professionnel, prouesse ou exploit.

Cependant, cette recherche prend la forme d’un besoin dans son modèle. Cette dernière devenant irrémédiablement, indispensable pour s’accepter et enfin s’apprécier. Or, je reste persuadé que ce concept de validation par l’autre, et le processus d’obtention de celui-ci ne sont que des désirs véhiculés par la société, et non pas une fin (ce petit conte illustre mes propos: Les Autres).

Assez logiquement, son modèle présente une dichotomie de l’estime de soi. Celle-ci passant par un niveau “inférieur”, le respect des autres, et un autre “supérieur” qui est le respect de soi. Cette légère nuance prend son sens dans la mesure où sa théorie émet l’hypothèse qu’il est plus important d’avoir du respect pour soi avant tout.

Enfin, comme pour les autres niveaux de la pyramide, il est évidemment difficile de “progresser” avant d’avoir comblé son “besoin” d’estime de soi.

La réalisation de soi

« What a man can be, he must be. »

Maslow

*Ce qu’un Homme peut être, il doit l’être.

Ainsi, Maslow résume lui-même en quelques mots, ce niveau de la hiérarchie. Ce dernier partait d’un principe simple, celui de potentialité au sein de chaque individu.

A l’instar du bouddhisme, son modèle accorde à tout un chacun, un “pouvoir”. Celui d’aller chercher au plus profond de soi, sa vérité. Mais pour ce faire, Maslow déclare qu’il faut tout d’abord dépasser nos besoins “inférieurs”. C’est seulement une fois en harmonie avec ces besoins que nous serait accordé la possibilité de nous accomplir.

C’est évidemment là, où la rupture se fait avec ce mode de vie qu’est le bouddhisme, puisqu’il n’est pas question de libérer le bouddha en soi. Mais plus sobrement, de pouvoir exprimer son plein potentiel, en étant en accord avec soi, son environnement et les autres.

Les observations de Maslow l’emmenèrent à attribuer à ces individus ayant atteint ce stade de la pyramide, les traits suivants. Une forte tolérance envers eux-mêmes, leurs faiblesses et les circonstances autour de leur vie. Une capacité à s’accepter tels qu’ils le sont. Les amenant à se concentrer sur les autres, leurs problèmes et comment les solutionner, plutôt que d’être centrés sur eux-mêmes. Bienveillants et à l’écoute, ces “surhommes” s’attardent sur les valeurs fondamentales de l’Homme et de la vie, en appréciant chacun des moments offerts. Fort logiquement, ces individus délaissent la superficialité des relations, en ne s’entourant que d’un petit nombre d’amitiés. Enfin, ils sont tout simplement en accord avec eux-mêmes, ayant découvert leur unicité et le sens de leur vie.

Le dépassement de soi

Ce dernier étage de sa théorie ne fut jamais approuvé unanimement par ses pairs. Probablement le caractère trop mystique et spirituel de ce dernier, difficilement acceptable pour des hommes de science lettrés et sérieux.

Quoiqu’il en soit, cet étage est comme une critique de sa propre vision du besoin précédant. En effet, Maslow finissa par dire, qu’il n’était possible de s’accomplir qu’en cherchant ailleurs des réponses, dans l’altruisme ou la spiritualité. Il ne put malheureusement développer plus avant ce dernier aspect de sa théorie.

Si je suis d’accord pour dire qu’il est important de chercher des réponses ailleurs, je reste persuadé que c’est parce que nous trouvons ces questions en nous. Qu’il existe un processus tel que l’a décrit Maslow, que nous devons traverser et accepter.

Je le disais plus haut, sa théorie a été injustement décrite et interprétée comme un solide monument rigide constitué d’étapes. Or, Maslow lui-même, apporta des précisions quant à la prédominance de certains besoins par rapport à d’autres en fonction des individus. Là où certains voient l’amour comme capital, d’autres n’y voient que du superflu. De même que le besoin créatif peut s’avérer bien plus important que les besoins fondamentaux physiologiques…

Le mot de la fin

Si le modèle de Maslow est considéré comme démodé, voire obsolète et dépassé. C’est entre autre pour sa mauvaise utilisation, en particulier dans le management et le monde de l’entreprise. Mais aussi parce qu’il est emprisonné par sa forme qui évoque inévitablement des étages, des étapes, et une hiérarchie figée.

Je n’espère pas réhabiliter cette théorie, d’ailleurs ma démarche initiale se voulait purement critique. Au fil des recherches, il s’est finalement avéré que j’avais été trompé par ma méconnaissance du sujet et l’idée que je m’en faisais. Et pour être honnête, je suis plutôt réconcilié avec.

Tout comme chacun de nous, ce modèle a ses défauts, et ses qualités. Pas besoin d’y chercher la perfection, ou d’y repérer les imperfections, essayons plutôt d’y trouver le mieux. Et le mieux, il n’y a qu’une personne qui peut savoir ce qu’il en est.